Aurélie Auffray
-"Attention pour les couleurs" ! -"Prêt"! -"Envoyez"!
Dernière mise à jour : 11 janv. 2022
Lundi matin. Je me dirige vers le mât du drapeau.
Quelques semaines auparavant, le cœur noué de timidité, je franchissais pour la première fois la direction générale.
Mes premiers pas s’étaient faits par un après-midi d’été, je sortais à peine de l’avion. Patientant près du tapis me permettant de récupérer mon bagage, je décidais d’appeler l’officier de ma future et toute première affectation afin d’obtenir un renseignement. Bien qu’il m’eût demandé de ne pas effectuer de liaison administrative, le colonel en charge de me recevoir le lundi suivant me demanda s’il était possible pour moi, étant à Paris à cet instant, de venir me présenter.
Surprise et quelque peu anxieuse, je lui expliquais que je n’avais avec moi qu’une valise que la poussière de l’Inde n’avait pas encore quittée. Il riait et me demanda de venir sans formalisme, notre rencontre n’étant initialement pas agendée.
Prise au dépourvue, mais n’imaginant pas décliner cette prompte présentation, j’appelle une amie afin de rafraîchir ce visage fatigué des 9 heures de vol écoulées.
À mon grand désarroi, ma valise ne contenait rien de très militaire. C’est ainsi, qu’au milieu de sari, d’épices, de bindis, de petites statuettes de divinités hindoues ou tout autre petit souvenir, je finissais par trouver un simple tee-shirt me permettant de me présenter dans une tenue simple, mais suffisamment correcte et sans excentricité.
Il était approximativement 14 h lorsque j’apparu au garde-à-vous devant le colonel. M’invitant à m’asseoir et ainsi à me mettre au repos, il se présenta puis, m’expliquant le rôle de la sous-direction, de mes futures missions, me posa quelques questions auxquelles j’acquiesçais d’un mouvement de tête allant de gauche à droite. Observant ce mouvement que je répétais inconsciemment, il s’arrêta soudain et me le fit remarquer avec curiosité. Je compris alors que ces 9 heures de vol n’avaient pas suffi à me déconnecter complètement de l’Inde. En effet, au pays des maharajas, il était de coutume de secouer la tête de gauche à droite pour confirmer à notre interlocuteur que nous l’écoutions. Un mouvement de tête qui voulait tout dire à la fois, des oui, des non, des peut-être. Confuse, je remarquais qu’un sourire se dessinait sur son visage.
C’est ainsi que nous revoilà, quelques semaines plus tard. Mes premiers jours dans l’institution se sont bien passés. J’apprenais au fur et à mesure le fonctionnement, les particularités et la mise en place de certains évènements.
Par ce lundi matin de septembre, notre sous-direction se devait de faire les couleurs. Cet honneur au drapeau, cette fierté, si vous saviez comme je m’en souviens.
L’ensemble des personnels s’était rejoint. Uniformes tant dans la tenue que dans les gestes, par quelques mots bien répétés, tandis que la Marseillaise venait rompre le silence des rangs, d’un mouvement solennel, j’accompagnais pour la première fois, les couleurs de notre drapeau, un bleu, un blanc, un rouge et la fierté d’accomplir plus qu’un geste : une véritable tradition.
~Aa~
